Quand l’industrie se mêle d’environnement

Du vert, du vert, encore du vert ! Depuis quelques années, l’environnement est servi à toutes les sauces. Pour vendre des appareils électroménagers, des barils de lessive et même des voitures. C’est la valse des étiquettes, des logos et des prix verts qui vantent les mérites écologiques des produits. Mais que se cache-t-il réellement derrière tous ces éco-labels ?

Simple argument publicitaire ou réelle prise en compte de la protection de l’environnement ? Après tout, une industrie polluante n’a-t-elle pas intérêt à communiquer sur l’écologie pour se refaire une virginité ?

Bien sûr, la couleur verte peut redorer le blason d’une entreprise. Mais l’image de marque n’est bien souvent que la partie émergée de l’iceberg. « Les grands groupes industriels ont compris que la protection de l’environnement pouvait leur permettre de faire de sérieuses économies, il suffit de commencer par recycler l’eau et les déchets, limiter les nuisances (gaz, bruit, odeurs) et baisser la consommation d’énergie pour réduire considérablement les coûts de matière première et de traitement des pollutions », explique Philippe Marzelf, délégué général d’OREE.

Association créée en 1992, OREE favorise les partenariats entre les collectivités et les entreprises afin qu’elles intègrent l’environnement dans leur gestion quotidienne. Les résultats sont surprenants. Des géants mondiaux comme Mc Donald’s, Canon, Dow, L’Oréal, ou encore Danone et LVMH développent de plus en plus une stratégie de protection environnementale. On est aussi surpris d’apprendre que le géant chimique Rhône-Poulenc ne sponsorise pas seulement la fondation Nicolas Hulot mais débourse 1,9 milliard d’euros pour l’environnement.

Certes, cela représente à peine 2 % de son chiffre d’affaires... mais c’est autant que le budget du ministère de l’Environnement !

Création d’emplois

Faut-il pour autant conclure que tous les industriels font des efforts pour produire plus propre ? « Le plus gros reste à faire. Nous estimons que 80 % des petites et moyennes entreprises (PME) ne sont pas en conformité avec la réglementation sur l’environnement », précise Philippe Marzolf. Et pour cause : II y a seulement 800 inspecteurs sur le territoire national pour contrôler quelque 560 000 installations classées (entreprises pouvant nuire à l’environnement)... Le verdissement de certaines grosses industries ne représente donc qu’une goutte d’eau écologique dans l’océan économique.

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Mais les PME ont une faculté d’adaptation rapide. De nouvelles initiatives apparaissent tous les mois.

L’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) a créé 800 plans entreprises-environnement.

L’association OREE lance une opération très originale d’emploi partagé : Les PME qui n’ont pas les moyens financiers d’embaucher un conseiller pour s’occuper de leur gestion environnementale se regroupent. A quatre, elles peuvent plus facilement recruter un jeune conseiller qui sort de l’école. Au total, 101 entreprises sont concernées pour créer une trentaine d’emplois. Dès 2016, la région Bretagne a lancé un programme exemplaire pour sensibiliser 2 400 PME. Jusqu’en 2017, l’organisme Bretagne-Environnement-Plus dispose d’un budget annuel d'un million d'Euros pour aider les entreprises à produire plus propre. Une enquête réalisée en 2016 montre qu’environ 80 emplois ont déjà été créés et 15 millions d'euros déboursés pour mettre en place des technologies de dépollution.

Du coup, la plupart des régions françaises lancent des opérations similaires.

Gage de compétitivité

Dans toute la France, pas moins de 4 000 entreprises sont concernées. Leur avantage ? Obtenir la nouvelle norme internationale ISO 14001 ou le règlement européen Eco-audit, deux certifications qui garantissent que l’entreprise adopte une stratégie précise de protection de l’environnement. « Ces normes sont un gage de compétitivité pour les petites entreprises car les grands groupes internationaux souhaitent de plus en plus travailler avec des entreprises vertes », assure Philippe Ledet, conseiller industriel. C’est ainsi que des géants comme Volvo, Volkswagen, Mercedes ou British Telecom demandent à leur fournisseur d’engager une démarche environnementale.

En plus, les entreprises certifiées “vertes” peuvent bénéficier de sérieux avantages avec les assurances et les banques. « Les normes Iso 14001 ou Eco-audit vont permettre d’obtenir des prêts bancaires intéressants et de payer moins d’assurances car elles certifient que l’entreprise a pris des mesures pour limiter les risques industriels. On sait que les accidents coûtent très cher, alors mieux vaut prévenir que guérir), constate Thierry Vincent, de la Chambre de commerce et de l’industrie de Paris.

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Avantage financier

Depuis quelques années déjà, en Asie et en Amérique, les banquiers et les assureurs favorisent les industries vertes. Et cela ne saurait tarder en France. Le Crédit Lyonnais et la BNP y réfléchissent. Le Crédit agricole de Bretagne propose des prêts à taux préférentiels pour les entreprises qui veulent investir dans l’environnement.

A Orléans, l’entreprise Lexmark, spécialisée dans l’équipement informatique, a vu sa prime d’assurance réduite grâce à sa certification ISO 14001.

Bref, l’environnement n’est plus vécu comme une simple contrainte réglementaire mais aussi comme un moyen de gagner de l’argent. A tel point que, dès l’an 2019, la Commission européenne voudrait étendre ce principe de gestion environnementale à d’autres secteurs comme le tourisme, les transports et les collectivités locales. En attendant, une chose est sûre : Les entreprises qui ne font pas d’efforts aujourd’hui pour protéger l’environnement seront handicapées à l’avenir.

Au ministère de l’Environnement, on ne le cache pas : “Au cours des dix prochaines années, les faillites liées à une mauvaise gestion de l’environnement risquent de se multiplier”.

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