Un des problèmes posés par l'inefficacité de notre système de redistribution est celui de la logique des règles de Sécurité sociale qui déterminent les prélèvements des cotisations et les versements des prestations.
Cette logique doit-elle être celle de l'assurance ou celle de la solidarité ?
Dans la première conception (assurance), chacun paie en proportion des risques encourus. La loi des grands nombres permet d'opérer une certaine péréquation entre les individus mais au sein d'une même catégorie homogène.
Ainsi, les jeunes conducteurs paient leur assurance automobile plus chère, de même que les souscripteurs âgés paient leur assurance vie plus cher.
Statistiquement, chacun, au terme de sa vie, doit avoir autant payé que reçu. La seconde conception (la solidarité) est fort différente : chacun paie en fonction de ses capacités contributives, chacun reçoit en fonction de ses besoins. Il n'y a plus aucune correspondance entre ce que l'on paie et ce que l’on reçoit, si ce n'est, globalement (pour l'ensemble du pays), la nécessité d'équilibrer recettes et dépenses.
Un mélange de deux conceptions
Il est clair qu'aucun système redistributif ne peut fonctionner entièrement sur la conception de la solidarité. Ne serait-ce qu'en raison des risques de fuite des contribuables lorsque la masse à financer entraîne un prélèvement élevé.
Mais, à l'inverse, un système d'assurance pur n'est guère concevable, puisqu'il reviendrait à exclure les catégories sociales les plus soumises aux risques (accidents, vieillesse, maladie). Tout système de protection sociale est donc un mélange des deux conceptions : l'ampleur de la redistribution dépend de leurs proportions relatives.
En France, la notion d'assurance l'emporte sur celle de solidarité. Avouons-le : nous aimons les apparences de révolution, mais il ne s'agit que de mise en scène. La tête du roi une fois coupée, nous confions le pouvoir à un empereur. Il en est de même dans le domaine économique : nous avons un des systèmes de protection sociale les plus perfectionnés du monde, mais la répartition des revenus reste l'une des plus inégalitaires.