Souvenir… Souvenir… Le prix Nobel de la paix 2006 a été décerné à l'économiste bangladais Muhammad Yunus, fondateur de la Grameen Bank, qui a trouvé un moyen de lutter efficacement contre la pauvreté dans le monde grâce à son idée de microcrédit. En quoi cela consiste-t-il ?
Tout est parti d’un constat. En 1974, Muhammad Yunus, enseignant dans une université américaine, voyage dans une zone rurale du Bengladesh, alors frappé par une terrible famine. Face à ce spectacle, une évidence s’impose à lui. Si les populations les plus pauvres n’arrivent pas à s’en sortir, c’est parce qu’elles ne bénéficient pas de fonds de roulements suffisants.
« Il aurait suffi à chacun d'eux un dollar – et un seul – pour pouvoir démarrer », expliquait-il en 1997, dans les pages du Monde diplomatique.
Muhammad Yunus tente alors de convaincre les banques locales d’accorder des crédits à ces populations dans le besoin. En vain. En 1976, devant le refus persistant des banquiers de la région, il décide de se porter garant des emprunts des villageois du coin.
Les emprunteurs remboursent l’argent et le système mis au point par Mohammad Yunus s’étend à plusieurs villages puis aux districts alentours. Le microcrédit est né. Mais cela ne suffit pas : face aux refus persistant des banquiers de la région, il décide de fonder une banque d’un genre nouveau : la Grameen Bank voit le jour en 1983.
Un principe simple...
Le principe est simple : accorder des prêts, d'une valeur modique, aux plus démunis, sans garantie financière. Les prêts ne représentant pas de grosses sommes, ils sont facilement remboursables. Et les chiffres le confirment : depuis sa création, la société a distribué pour 5,72 milliards de dollars de prêts et a récupéré 98,85% de ces sommes. Près de 6,1 millions de personnes ont bénéficié de prêts accordés par la Grameen Bank, détenue à 94% par les emprunteurs et pour les 6% restants par l'Etat.
L’entreprise se paie même le luxe de réaliser des bénéfices presque chaque année et de refuser les donations !
Depuis, le système est appliqué dans une centaine de pays, des Etats-Unis jusqu'en Ouganda et, selon la Banque mondiale, il existe, à l’heure actuelle, 7 000 institutions de microfinance et près de 500 000 millions de bénéficiaires de comptes ouverts dans ces établissements spécialisés.
L’Asie et la région du Pacifique totalisent 83% des comptes ouverts dans les pays en développement à elles seules. Même tendance sur le continent américain, en particulier en Bolivie, où le système connaît un essor formidable.
« Une paix durable ne peut pas être obtenue sans qu'une partie importante de la population trouve les moyens de sortir de la pauvreté », a déclaré Ole Danbolt Mjoes, le président du comité Nobel. Mohammad Yunus, lui, l’a bien compris…