Un « nouveau » type de pays ? La crise de l’euro a mis en évidence l’existence d’un phénomène jusque-là assez peu connu : le risque de faillite d’un pays riche. En effet, sur la longue liste des défauts souverains — les économistes américains Carmen Reinhardt et Kenneth Rogoff en ont établi environ 130 depuis 1950 — on ne trouve aucun pays industrialisé.
Durant les années 2000, les pays qui ont fait défaut sur leur dette extérieure étaient l’Argentine, le Zimbabwe, l’Indonésie, l’Équateur, le Venezuela et le Nigeria. Mais en 2012, c’est le tour de la Grèce, membre de la zone euro, de faire défaut partiellement sur sa dette.
Cette situation tranche non seulement avec la richesse globale du Vieux continent — un des espaces les plus prospères dola planète — mais également avec la présence de richesses notables au niveau privé, comme l’a fait remarquer l’étude de la Banque centrale européenne (BCE 2013), Le contraste entre des États rencontrant de sérieuses difficultés à honorer leras dettes et des ménages possédant des niveaux de patrimoine conséquents paraît ainsi plutôt paradoxal.
Cohabitation entre des régimes de richesses disparates
On s’aperçoit ainsi que la mesure du seul niveau de richesse des ménages ou des habitants ne renseigne que très partiellement sur les véritables richesses. Elle a tendance à sous-estimer la richesse globale, si cette dernière est détenue à des proportions importantes par le secteur public et les entreprises. L’Allemagne, mais également l’Autriche, les Pays-Bas et la Finlande, sont dans ce cas. À l’exception de la valeur représentée par les infrastructures et la part que possède les banques publiques, le patrimoine est, dans ces pays, en grande partie détenu par les entreprises, notamment des PME (petites et moyennes entreprises) Le Mittelstand allemand, qui représente souvent des entreprises familiales et qui imbrique ainsi patrimoine privé et celui de l’entreprise, en est l’exemple type.
Ce facteur constitue également le point faible d’un tel régime de richesse, notamment en période de crise, Si une partie de la richesse correspond à des créances vis-à-vis de l’étranger ou si elle est placée dans des pays économiquement fragiles, celle-ci peut en période de difficultés subir une dépréciation qui peut aller jusqu’à la perte totale. Les crises des années 2000, en particulier la plus récente, ont montré que ce risque est bien réel…