Les modalités d'organisation et la réalité du dialogue social varient beaucoup d'un pays à l'autre. Les traditions nationales jouent un rôle important. Un peu moins fréquent en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, la négociation collective est davantage une réalité en France, mais le dialogue social y demeure souvent difficile.
La pratique étendue de la négociation collective est l'apanage des pays du centre et du nord de l'Europe. De part son organisation et sa philosophie, l'Allemagne est considérée comme un modèle-type.
Une culture économique spécifique
Le dialogue social allemand est indissociable du « modèle d'économie sociale de marché », développé outre-Rhin dans les années de reconstruction de l'Après-guerre, inspiré de la doctrine sociale de l'Église catholique des économistes comme Walter Eucken et Alfred Müller-Armack, ainsi que des hommes politiques comme Ludwig Erhard sont à l'origine d'une approche pragmatique et évolutive de l' économie de marché qui cherche à opérer une synthèse entre concurrence et Etat social l' ordolibéralisme.
Ce concept vise à libérer la dynamique du marché et à garantir en même temps la cohésion et la stabilité sociale par la responsabilisation de chacun. Il est partagé par tous les partis de rassemblement (chrétiens- démocrates, chrétiens-sociaux et sociaux-démocrates), mais également par les syndicats, facilitant ainsi la pérennisation des mesures en cas de changement de majorité politique.
Un dialogue social particulièrement riche
Un des éléments fondamentaux de cette constitution ordo-libéral est le système de relations entre partenaires sociaux. La Loi fondamentale allemande garantit à ces derniers une large autonomie pour déterminer les règles relatives aux conditions de travail et aux rémunérations. Si les partenaires sociaux estiment que le législateur empiète sur leur domaine de compétence, ils ont la possibilité de saisir le juge constitutionnel.