Si les études sur l’Internet sont encore peu nombreuses, un certain nombre d’éléments témoigne de la réalité en matière de contrefaçon des produits vendus en ligne :
- Selon une étude de l’Alliance européenne pour l’accès à des médicaments sûrs, 62 % des médicaments achetés sur internet seraient des contrefaçons (50 % selon l’Organisation mondiale de la santé).
- 90 % des médicaments contrefaits seraient désormais vendus sur l’Internet. L’un des produits phares est le Viagra et selon des statistiques récentes, 44 % des Viagra vendu en ligne seraient des faux. D’après une autre étude 41, 60 % des médicaments traitant des dysfonctionnements de l’érection présents sur l’Internet seraient des contrefaçons.
- Les médicaments contrefaits les plus achetés en ligne sont les médicaments contre le dysfonctionnement érectile, les produits amaigrissants, les anabolisants, les hormones de croissance, la mélatonine, les produits de sevrage tabagique, mais aussi les narcotiques et psychotropes.
Aux États-Unis, 36 millions d’Américains, ont acheté des médicaments sans prescription sur des sites de vente illégaux.
En Europe, la situation est variable, mais la commercialisation en ligne de produits d’automédication est désormais permise, comme le confirme l’arrêt « DocMorris» de la Cour de justice des Communautés européennes (CJCE) du 11 décembre 2003.
Selon l’étude Cracking Contrefeit Europe initiée par Pfizer, le marché des faux médicaments en Europe serait de l’ordre de 10,5 milliards d’euros par an. En France, ce marché représenterait près d’un milliard d’euros.
Cette étude, la première du genre pour évaluer l’ampleur du phénomène, a été réalisée par Nunwood pour le compte de Pfizer Inc. Ce travail montre qu’en Europe, une personne interrogée sur cinq, soit 77 millions d’individus, reconnaît acheter des médicaments délivrés uniquement sur ordonnance en dehors des circuits autorisés. En France, cela représente 14 % des personnes interrogées soit 6,9 millions d’individus.
Autre constat inquiétant, des millions d’internautes achètent sur l’Internet des médicaments de prescription, sans savoir qu’entre 50 % et 90 % des médicaments vendus en ligne sont des contrefaçons.
Notons quand même que les résultats de l’étude Pfizer ont laissé certains observateurs sceptiques tant les chiffres semblent surévalués, en particulier selon Fabienne Bartoli, à l’époque adjointe à la direction générale de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps).
« En France, il n’y a pas de problème concernant les médicaments de prescription qui sont remboursés par la Sécurité sociale.
En revanche, la situation est beaucoup plus critique en Grande-Bretagne et en Allemagne. En France, les risques concernent surtout les achats sur l’internet de faux produits dits de confort (le Viagra arrive en tête), des pilules amaigrissantes, des compléments alimentaires, des produits dopants ou encore des anabolisants recherchés par les adeptes du culturisme ».
Si la France reste protégé et si les ventes de médicaments ne sont autorisées que dans les 21 500 officines présentes sur le territoire, il n’en demeure pas moins que les risques concernant l’Internet existent.
Entre 2001 et 2008, une quarantaine de cas de pharmacovigilance liés à la prise de médicaments achetés sur l’Internet ont été déclarés à l’Afssaps.
Sur 38 cas recensés, 11 concernaient des achats de produits amaigrissants, trois des anabolisants stéroïdiens, huit des produits stimulants ou dé-fatigants, notamment à base d’hormones — déhydroépiandrostérone (OHEA), mélatonine, prégnénolone, etc.
Il faut aussi tenir compte du fait que des achats peuvent être effectués sur des sites domiciliés à l’étranger et non référencés.