Depuis plusieurs années, le débat autour de l’encadrement des hauts revenus ne faiblit pas. Le salaire de certains dirigeants, de hauts managers, ainsi que les bonus du secteur de la finance choquent de plus en plus l’opinion publique.
Les quarante dernières années ont, en effet, vu se creuser fortement les écarts de rémunération entre les salariés et leurs dirigeants jusqu'aux années 1970, un dirigeant d'une grande entreprise gagnait environ 30 fois le salaire moyen de ses employés, aujourd'hui, le rapport est dix fois plus élevé.
Néanmoins si on prend les plus grandes entreprises françaises ce ne sont que quelques centaines de managers qui sont concernés par ces pratiques de rémunérations controversées — très peu, comparé à l'ensemble des managers, mais suffisants pour que les abus de quelques-uns entachent toute la profession.Le débat s'est intensifié sous l'effet de la crise et la question de la justification des écarts salariaux est de plus en plus ouvertement posée.
Les arguments en faveur de l'encadrement
L'encadrement des écarts de salaire est fondé sur une logique collectiviste : mettre en commun les sources de revenu et de capital afin de mieux surveiller la production et la répartition des biens. Cette démarche caractérise un fonctionnement de l'entreprise selon lequel « le revenu de chacun dépend finalement peu de ses capacités individuelles mais provient surtout de l'organisation sociale et de l'héritage institutionnel, culturel, technologique et scientifique de l'humanité » (Sterdyniak, 2013).
Ainsi, le travail de chacun est productif grâce à des milliers de découvertes techniques - notre productivité serait donc essentiellement sociale.
Les revenus qui explosent ne sont en effet guère ceux des savants ou ingénieurs mais des chefs d’entreprises, managers, traders ou stars en tous genres. Ensuite, la réalité même de la rémunération, notamment des PDC, fait l'objet de critiques. Celle-ci s'est aujourd'hui transformée en un véritable mille-feuille, où le salaire représente souvent mains de 20%, la majeure partie étant constituée de dividendes, stock-options, retraites chapeaux, parachutes dorés, parfois même exonérés de cotisations sociales et d’impôts.
Enfin, plusieurs effets liés aux fortes inégalités salariales sont jugés néfastes, Tout d'abord, l’'étirement de la hiérarchie des revenus au sein de l'entreprise risque de provoquer une rupture entre l'intérêt des salariés et des dirigeants, ces-derniers s'apparentant de plus en plus à ceux des actionnaires. Le creusement des inégalités salariales conduit ensuite à une baisse de la propension à consommer car les hauts revenus ont une plus forte propension à épargner.
Il peut générer un sentiment d'abandon chez les plus pauvres et entraîner des tensions sociales.
Il est enfin à craindre que l'explosion des hauts revenus fasse tâche d'huile, affaiblisse le sens du service public (dans les secteurs de la santé et de l’enseignement). Des inégalités salariales peuvent jusqu'à mettre en danger le principe démocratique : l'égalité des chances étant remplacée par la chance d'hériter d’une fortune élevée.